Сальваторе Адамо. Продолжение - 2

[amorine]

Часть3

Était-ce une manière de fuir votre double vie?
Je n’aurais pas été lâche à ce point… J’en ai eu des lâchetés bien sûr, comme tous les hommes, mais non je ne serais jamais parti exprès au Japon pour fuir ma famille, mes enfants. Un jour, à Tomakomai, je veux prendre l’air après la répétition, donc je vais me promener le long du fleuve. Et là, je me prends des congères… À un moment donné je me suis dit: “Qu’est-ce que tu fous là?” Mais je ne voudrais pas être injuste vis-à-vis du public japonais. J’ai beaucoup de tendresse pour sa façon respectueuse, implicitement chaleureuse de me recevoir.

Quel regard portez-vous sur vos années 1980?
En 1982, je sors “Puzzle” qui est un de mes albums préférés, avec sa nouvelle couleur, des textes un peu plus percussifs. Mais les ventes sont moindres parce que la nouvelle génération est arrivée. Souchon, Voulzy, Cabrel, Renaud ont sorti leurs premiers disques à la fin des années 1970. Et dans les années 1980, ils occupent le devant de la scène et accaparent une partie de mon public. Ce que je comprends, ils étaient moins fleur bleue que moi. Mais les chanteurs populaires de qualité, je les aimais mieux en première partie. [Il rit.] J’ai toujours pensé que l’on pouvait cohabiter. Mais oui, j’ai été surpris que ça diminue autant dans les années 1980.

Vous avez été parfois découragé?
Découragé, non. Mais oui, j’ai connu un peu de frustration par rapport à l’image que l’on avait de moi en France. Qui n’était pas complète. Mais bon, je pouvais encore chanter un peu partout. Pendant longtemps j’ai espéré prendre une année sabbatique. Il a fallu ce maudit Covid pour que j’y parvienne… Maintenant je sais enfin où se trouvent les interrupteurs chez moi. [Il rit.] Combien de fois je me suis couché en voyant la lumière du jardin allumée…

Pendant longtemps, j’ai espéré prendre une année sabbatique. Il a fallu ce maudit Covid pour que j’y parvienne… Maintenant je sais enfin où se trouvent les interrupteurs chez moi

Dans les années 1990, votre salut viendra d’Arno, votre complice belge.
Mon image s’était empoussiérée. Mais comme Arno vient du rock, comme il reprend ma chanson “Les filles du bord de mer”, alors le public me “valide” de nouveau. Le plus beau compliment que l’on m’ait fait c’est lors d’une émission de Marc-Olivier Fogiel où Arno chante “Les filles du bord de mer” devant Christophe Dechavanne. Fogiel lui demande: “Vous savez de qui elle est?” Dechavanne répond: “Ah oui, elle est de Brel.” [Il rit.] J’étais aux anges.

Vous avez toujours refusé de participer aux tournées Âge tendre et tête de bois.
Je crois avoir bien fait de résister. Parce que, dans la foulée d’Arno, j’ai vu un public plus jeune venir à mes concerts. Certains probablement dans l’idée de se moquer du chanteur de leurs parents. Mais ils ont entendu que je parlais aussi d’aujourd’hui. Et il y a eu de nouveau une adhésion. Et j’ai pu me dire: “Ça y est, ça recommence.” Mais je sais que rien n’est jamais acquis. Encore aujourd’hui.

De quoi sera fait demain?
De disques et de tournées, comme toujours. Je prépare mon album de reprises de standards anglo-saxons produit par Stephan Eicher. Nous l’enregistrons en ce moment en Suisse. Et j’ai des centaines de mélodies sur mon téléphone, j’ai beaucoup écrit pendant le confinement. Je vais chanter au Japon, en Amérique du Sud, retrouver le Québec, la Belgique et puis Paris, j’espère. Je poursuis mon petit bonhomme de chemin…

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