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Старое 15.11.2004, 23:48     Последний раз редактировалось Bérurier; 15.11.2004 в 23:52..
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La rencontre de deux dandys
Biolay à l'école de Ferry
Quand Benjamin Biolay interviewe Bryan Ferry... ils se découvrent un amour commun pour les chansons tristes, pour Bogart et pour Catherine Deneuve. Une preuve que l'élégance ne connaît pas de frontières.


Et si l'élégance était en train de revenir à la mode dans le monde - pas toujours très élégant - des musiques populaires ? Voyez Benjamin Biolay ! En quelques chansons sobres et séduisantes (dont Jardin d'hiver, la douce rengaine qui a relancé la carrière d'Henri Salvador), le jeune auteur français (29 ans) s'est bâti une réputation. Artisan délicat, cultivé, capable d'ourdir les refrains les plus (sobrement) mélancoliques de l'époque - pour lui-même ou pour d'autres -, il est aujourd'hui le « songwriter » qu'on s'arrache, dépositaire d'une « qualité française » à la hausse. Pourtant, tout aussi exigeant qu'élégant, la révélation masculine des récentes Victoires de la musique ne se laissera pas enfermer dans un costume trop étroit pour ses envies. Pour preuve, son premier album, Rose Kennedy, a été rapidement suivi de Remix, CD inédit présentant des relectures teintés d'électro. De l'élégance du contre-pied joliment maîtrisé...

Adolescent, Benjamin Biolay avait un modèle en raffinement : l'Anglais Bryan Ferry. Dans le genre, un maître, une icône. Les deux musiciens ont beaucoup en commun - l'amour des mélodies accroche-coeur, une façon très classieuse de chanter un temps qui n'est plus, une passion pour le cinéma d'auteur, le goût des costumes sombres -, même si trois décennies les séparent. A 57 ans, Bryan Ferry, éternel zazou, toujours impeccablement mis, a beaucoup vécu. Le rock le plus glamour avec son groupe Roxy Music, les folles seventies, les tentations... A l'époque, le public le prenait pour un prince décadent, lui qui était pourtant né dans les environs de Newcastle la prolétaire, d'une mère ouvrière et d'un père fermier. Bryan Ferry : certainement le plus humble et exquis des parvenus du rock.

Après la séparation de Roxy Music, au début des années 80, vint la nécessité de s'inventer une stature de soliste différent, rock star délicate, dandy attachant. Hors du temps, hors des modes. Toujours in à force d'être définitivement out. Homme de voix et homme à femmes, Ferry enchaîne les tubes (et encaisse les chèques de royalties). Charmeur mais anxieux, l'homme voudrait faire croire qu'il est un laborieux, un incurable perfectionniste. Histoire de justifier sa peu prolifique (et pas toujours régulière) production des quinze dernières années. Esthète, on le croit, mais bosseur acharné, on doute... Toujours est-il qu'après As time goes by, somptueux album de reprises de standards des années 30-40 paru en 1999, on se réjouit de le voir revenir, en toute simplicité, avec Frantic : un disque à la fois facile et subtil, engageant fourre-tout de reprises plus attachantes que révolutionnaires et d'originaux qui auraient, à quelques détails sonores près, pu être enregistrés il y a vingt ans... Au fond, c'est pour ça qu'on l'aime. Pour ces voyages immobiles qu'il nous distille, nous permettant de goûter, comme des instants volés, à la douceur d'une époque, de sons et de lieux évaporés. Et c'est sans doute aussi pour ça que Benjamin Biolay, son élégant cadet, a accepté notre offre : passer de l'autre côté du micro le temps d'interviewer le plus singulier des chanteurs britanniques.

Benjamin Biolay : Quand le premier album de Roxy Music est sorti, en 1972, vous aviez déjà 26 ans. Des débuts plutôts tardifs, non ?

Bryan Ferry : J'ai fait très peu de musique avant cet âge-là, c'est vrai. En fait, je suis allé à l'université de 1964 à 1968, pour apprendre la peinture, mon premier grand amour. A la fac, j'ai un peu expérimenté le chant avec un groupe spécialisé dans les reprises - on jouait du rhythm'n'blues, Otis Redding, ce genre de choses... On jouait sérieusement, et plutôt bien - on avait même une section de cuivres complète -, mais lorsque les autres musiciens sont passés professionnels, je ne les ai pas suivis, m'imaginant plutôt devenir célèbre par la peinture... Au terme de ces quatre années, je suis parti vivre à Londres, et la musique a alors envahi ma vie. J'ai commencé à écrire des chansons sur un harmonium, n'ayant pas les moyens de m'acheter un piano. Les toutes premières ont terminé sur le premier album de Roxy, publié en 1972. J'avais rencontré les membres du groupe - Phil Manzanera, Brian Eno, Andrew Mackay... - au fur et à mesure, les trois années précédentes. Au début de l'année 1970, nous étions au complet.

Benjamin Biolay : Vous avez gardé des traces enregistrées de ces débuts ?

Bryan Ferry : Oui, j'ai tout ça à la maison. Des choses plutôt émouvantes à écouter... Pour Roxy Music, tout a démarré grâce à une bande que j'avais envoyée à un journaliste du Melody Maker, le grand hebdomadaire musical anglais. Séduit, il a écrit un article sur Roxy Music, puis John Peel, le célèbre DJ de la BBC, a relayé cet enthousiasme en nous invitant à jouer à la radio. Notre premier contrat discographique est venu juste après - déjà avec Virgin... Aujourd'hui, quand je réécoute notre premier album, je suis gêné par ma voix. J'ai l'impression d'entendre un jeune type crier sans discernement ! Et j'ai envie de lui dire "calme-toi, tout va bien se passer".

Benjamin Biolay : A l'époque, vous écriviez musique et paroles sans difficultés ?

Bryan Ferry : Les mélodies, toujours de manière naturelle, facilement. Mais les textes, non ! Depuis que j'écris des chansons, la mélodie vient toujours en premier, et les textes se font attendre. Pour vous aussi ?

Benjamin Biolay : Toujours. Je trouve d'abord une mélodie, et ensuite je me bats pour y coller des mots...

Bryan Ferry : Ça doit être génial de s'appeler Elton John ! [Rires...] On s'assied au piano et tout vient en même temps, musique, textes... C'est pour moi inconcevable.

Benjamin Biolay : La notion d'âge compte-t-elle pour vous ? Vous étiez-vous fixé des limites ?

Bryan Ferry : Pas vraiment. Si j'ai levé le pied à une époque de ma vie, c'était surtout pour m'occuper de ma famille, de mes enfants... Je ne calcule pas, j'évite de trop prévoir. Et je reste fasciné par ces moments où les choses s'enchaînent comme par miracle, sans qu'on ait vraiment pu réfléchir. Si on m'avait dit, il y a quelques années, que j'allais reformer Roxy Music le temps d'une tournée américaine, je n'y aurais jamais cru. Et pourtant, je l'ai fait, il y a quelques mois ! Grâce à un heureux enchaînement de circonstances et à quelques amis qui m'ont dit : "Tu sais, les gens adorent ces chansons de Roxy Music..." Lors de la tournée qui a suivi la sortie de mon dernier album, As time goes by, le public, effectivement, était ravi d'entendre des chansons de Roxy Music. Alors je me suis laissé tenté et j'ai reformé le groupe le temps de quelques concerts... Il ne faut jamais sous-estimer cette force que vous donne le public. Plusieurs fois, je me suis senti littéralement poussé en studio après une série de concerts où j'avais ressenti cette force, cette présence stimulante des gens qui m'apprécient. Si j'avais un seul conseil à vous donner, ce serait celui-là : rester attentif à ce que vous disent les gens qui vont vous voir en concert.

Benjamin Biolay : Quelle est la partie de votre travail qui vous donne le plus de satisfaction ces temps-ci ?

Bryan Ferry : J'ai le sentiment d'être un meilleur artiste de scène aujourd'hui. Je crois que mes grandes années d'écriture de chansons sont plutôt derrière moi et que, désormais, c'est en concert que je donne le meilleur de moi-même.

Benjamin Biolay : Si vous avez dix minutes à la maison, de quel instrument jouez-vous ?

Bryan Ferry : Du piano. Mais c'est très rare pour moi de jouer ainsi, à l'improviste, pour le plaisir. Si, l'autre soir, pour une soirée entre amis, j'ai joué assez longtemps. Un moment agréable... Quand je suis à la maison, je m'occupe surtout de mes garçons. J'en ai quatre, de 12 ans à 19 ans.

Benjamin Biolay : Et vous écoutez de la musique avec eux, des nouveautés, des jeunes groupes ?

Bryan Ferry : Mon fils aîné m'a fait découvrir ce groupe de Los Angeles, Eels, que j'adore. Excellentes mélodies, rythmiques étonnantes... Mais en général, j'écoute peu de nouvelles musiques. Et quand j'enregistre un disque, encore moins : je me ferme complètement à toute influence musicale extérieure. Par exemple, je vis très bien sans connaître la musique de Björk. Je suis sûr que ce qu'elle chante et écrit est très intéressant, très beau, mais je ne ressens aucun besoin de l'écouter. Par contre, j'aime beaucoup la musique de Mary J. Blige, surtout grâce à la production de Dr Dre, à la fois très simple et terriblement efficace - j'ai toujours été fan de ce genre de minimalisme énergique.

Benjamin Biolay : J'avais envie de vous parler de cinéma. De Casablanca en particulier, votre film fétiche...

Bryan Ferry : J'aime tous ces grands classiques en noir et blanc, les dialogues précis, romantiques, les scénarios éloquents, et la lumière, toujours parfaite, dans Casablanca, Citizen Kane ou Rebecca... Dans Casablanca, Humphrey Bogart atteint un niveau de jeu insurpassable, non ? Ce rôle de type dramatiquement "cool", à la fois dur en surface et doté de ce coeur énorme, caché. En voyant ce film pour la première fois - j'étais encore à la fac -, je voulais lui ressembler, lui piquer ses tics, ses poses... Plus tard, j'ai aussi été nourri par la Nouvelle Vague, autre influence importante pour le personnage que je travaillais à construire.

Benjamin Biolay : On a toujours dit de vous que vous étiez un dandy...

Bryan Ferry : C'est sans doute très lié au cinéma. Quand j'étais adolescent, j'ai visionné avec passion ces classiques avec Bogart, Cary Grant, tous les Hitchcock. Et puis les comédies musicales, les films de Fred Astaire, de Gene Kelly. Il y avait là un mélange d'éloquence et de légèreté que j'ai essayé d'insuffler, par la suite, dans l'univers de Roxy Music : notre musique était souvent assez sombre dans l'esprit, mais j'y mettais toujours une dose d'humour, histoire de troubler l'auditeur. Astaire et Kelly portaient en eux une dose de joie de vivre [en français dans le texte, NDLR] qui m'a beaucoup influencé et m'a permis de contrecarrer ce côté raide que peuvent avoir les Anglais. J'ai grandi dans le nord de l'Angleterre, à Newcastle, une région industrielle assez reculée, fermée. Pas facile de s'y sentir différent... Quand on se passionnait comme moi pour le cinéma et pour la musique noire américaine - le blues, le jazz, le rhythm'n'blues, la soul -, c'était aussi une façon d'échapper au moule britannique, d'affirmer sa particularité. Quand j'ai entendu le bluesman américain Leadbelly pour la première fois - j'avais 10 ans , ça a changé ma vie ! Quelques années plus tard, je suis tombé dans la musique soul, et les disques du label Motown m'ont immédiatement parlé : pour le jeune peintre que je voulais devenir, le côté brûlant de la soul américaine faisait sens, j'y entendais une dimension charnelle, presque sexuelle, qui me parlait bien plus que la musique des Beatles, que j'appréciais pour leurs mélodies, mais sans plus.

Benjamin Biolay : Vous les avez rencontrés ?

Bryan Ferry : Paul McCartney plusieurs fois... Est-ce que j'ai eu envie de jouer avec lui ? Oh non, ça, jamais... Pas mon genre. Avec Lennon, pourtant, j'aurais été tenté, mais tristement, je ne l'ai croisé qu'une fois. C'était au Japon et Yoko Ono était collée à ses basques, alors on n'a pas pu converser longtemps. Contrôle très strict, je peux en témoigner.

Benjamin Biolay : Votre reprise de Jealous Guy, le classique de John Lennon, est un modèle du genre.

Bryan Ferry : J'adore enregistrer des reprises. On a toujours quelque chose à apprendre d'une chanson écrite par quelqu'un d'autre... Vous êtes un jeune auteur, vous devez avoir des centaines d'idées de chansons, mais plus tard, vous verrez, vous aurez sans doute envie de retourner vous nourrir chez Bob Dylan, chez Lou Reed, chez Lennon... Il ne faut jamais hésiter à changer ses perspectives. D'ailleurs, je devrais sans doute faire comme vous un jour, passer de l'autre côté du miroir le temps d'une interview avec quelqu'un que j'apprécie.

Benjamin Biolay : Et qui choisiriez-vous alors d'interviewer ?

Bryan Ferry : Sans doute quelqu'un dans le monde du cinéma, une jeune actrice de Hollywood que je pourrais essayer de séduire [rires]... Ah non, je sais, bien sûr, Catherine Deneuve, que j'ai toujours adorée !

Benjamin Biolay : Catherine Deneuve ? Vous voulez dire... ma belle-mère, qui aime d'ailleurs beaucoup votre musique ?

Bryan Ferry : Comment ça, votre belle-mère !?!

Benjamin Biolay : Oui, je vis avec sa fille, Chiara.

Bryan Ferry : Fantastique ! [Rires...] Alors transmettez mes salutations admiratives à Catherine, et ce message : je suis tout à fait d'accord pour la rencontrer, l'interviewer, tout ce qu'elle veut. Et son jour sera le mien.


Всегда испытывал слабость к музыке Ферри, последнего певца декаданса, теперь понятно, почему не смог пройти спокойно мимо творчества Бьёле


PS. Статья датирована 26-м апреля 2002
__________________

la douleur m'éventre,
mais je ris dès que je peux
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